Fiancée, mais pas trop

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Acculé face à ses créanciers, Benoît ne voit qu’une solution : faire croire à ses parents qu’il va se marier. Commence alors une chasse à la fausse fiancée, première strate d’une comédie construite sur un mensonge pyramidal qui menace constamment de s’écrouler. Entre banlieue et bourgeoisie, le jeune homme va se retrouver vite dépassé.

Trouver de l’argent rapidement: voilà l’épineux problème auquel doit faire face Benoît (Lionel Erdogan), trentenaire parisien, beau parleur et amateur involontaire de plans foireux. Pris à la gorge au détour d’investissements dans les cryptomonnaies, il annonce à ses parents qu’il va se marier, seule manière de leur soutirer un joli budget. Ayant 24 heures pour se trouver une fiancée à leur présenter, le voilà embarqué pour 3 jours en famille au Maroc au bras de Fiona (Camile Lellouche), sa chauffeure Uber, cliché ambulant de la banlieusarde. Dans la famille, le doute monte vite, alors que les faux tourtereaux, aussi peu compatibles que des aimants à pôles identiques, ont toujours plus de mal à présenter une façade unie.

«Le temps que Jimmy arrive à l’église, il avait fait des demandes en mariage à tout ce qui portait une jupe, y compris un Ecossais.» Tirée de «Seven Chances» («Les Fiancées en folie») film muet de Buster Keaton sorti en 1925, cette phrase illustre bien le dilemme des hommes malchanceux qui, par le hasard des circonstances, doivent se trouver rapidement une fiancée. Le sujet de «L’Heureuse élue» n’a rien d’original, et le ressort comique saute aux yeux dès le début. Prévisibles, les gags n’en sont pas moins drôles, s’enchaînant en cadence soutenue. Entre l’argot fleuri des banlieues – et la dégaine – de Fiona et les parents bourgeois de Benoît, aucun terrain d’entente ne semble possible.

Dans le rôle des parents, Michèle Laroque et Gérard Darmon, semblables à eux-mêmes, campent une femme de tête, cheffe de famille et d’entreprise pour elle, mari conciliant qui prétend faire du sport et se cache dans les placards pour manger des gâteaux pour lui. Comédienne, chanteuse et humoriste, Camille Lellouche tire plutôt adroitement les ficelles de son personnage de Fiona. Au pied du mur, face à l’autel et sa famille, Benoît va devoir trouver une parade. Jusque-là narrativement sans surprise, la brochette de saynètes, ne pouvant durer éternellement, prend une tournure inopinée. Sous le vernis de l’amour en toc pointe une once d’honnêteté, prémices d’une relation d’un autre genre, moins fleur bleue, mais plus sincère.

L’argent pourrit les relations, change les gens, mais peut aussi les rendre follement inventifs. Craignant pour leur héritage, Pierrick (Amaury de Crayencour) et Sidonie (Clémence Bretécher, nièce de la dessinatrice Claire Bretécher), frère et sœur de Benoît, font équipe pour, à leur tour, tenter de faire amende honorable face à leurs parents. Distraction sympathique, le film plaira sans doute à ceux qui ont aimé la série des «Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ?», et moins à ceux que la caricature classiste hérisse. Il n’en reste pas moins un choix judicieux pour un après-midi d’automne pluvieux en famille.

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