Le procès qui rend chèvre

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Comédie française prenant pour cadre la France du 17e siècle, «Les Chèvres!» de Fred Cavayé (Adieu Monsieur HaffmanRadin) tire la sonnette d’alarme : la fiction s’inspire des procès d’animaux de l’époque. Avec Dany Boon et Jérôme Commandeur en tête d’affiche, faut-il s’attendre à une énième production lourdingue dans le sillon des «Visiteurs» ?

Dans les tribunaux parisiens, Maître Pompignac (Dany Boon) est en mal de notoriété. Ses plaidoiries ne suffisent pas à convaincre les foules haranguées, avides d’exécutions au pilori. Quant aux juges, ils suivent l’opinion publique. Celle-ci est davantage mue par la perspective de ces spectacles sanguinaires que par la recherche de vérité. Dépité après un nouvel échec, l’avocat provincial est interpellé par une bergère (Claire Chust) qui l’engage. À la suite d’un quiproquo, il accepte de défendre Josette, une chèvre accusée du meurtre d’un maréchal.

Belle surprise que cette comédie dont l’humour ne se contente pas de saisir sa matière première dans un ancrage historique tourné en dérision. Alors que les dialogues auraient pu se vautrer dans le ressassement d’une France monarchique et de son bas peuple, «Les Chèvres!» crée sa dynamique de manière intelligente et efficace grâce au procédé du quiproquo. Faut-il y voir un clin d’œil à l’auteur du Médecin malgré lui ? Dans ce registre, Dany Boon excelle dans le rôle du néophyte naïf en recherche de reconnaissance dans la Capitale. Les dialogues avec Claire Chust sont mordants et visent dans le mile : la comédie est lancée.

Dans sa seconde partie, c’est l’adversité entre Pompignac et Maître Valvert (Jérôme Commandeur) qui prime : le burlesque est de mise, dans un tribunal qui doit juger une chèvre pour meurtre. Les séquences de joutes oratoires sont habilement menées, jusqu’à une conclusion qui surprendra tout le monde… De son côté, la propriétaire de la chèvre incarnée par Claire Chust est dépeinte comme une figure féminine forte qui reste certes anecdotique dans le film, mais dont la portée ne passe pas inaperçue.

Divertissement familial bienvenu en ce début d’année, «Les Chèvres!» propose une comédie réjouissante et légère grâce à son humour rhétorique. Un modèle qui demeure une exception dans le paysage francophone.

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