Quand on n’a plus que le cri

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Depuis la Berlinale 2023, le dernier film de İlker Çatak a fait son chemin jusqu’aux Oscars et pourrait bien remporter cette année la statuette du « Meilleur film étranger ». Film social et réaliste, « La salle des profs » montre, non sans un certain cynisme, les conséquences d’une série de vol dans un microcosme et le revers des bons sentiments d’une professeure anti-conformiste.

Carla Nowak (Leonie Benesch) est une jeune enseignante idéaliste, fraîchement débarquée dans un gymnase, où les vols se multiplient. Contre l’avis de Carla, une fouille est organisée dans sa classe pour trouver le ou la coupable. Mais quand les parents du suspect défendent leur fils, Carla tente de sauver la réputation de son élève en cherchant le coupable dans la salle des professeurs. Son stratagème va malheureusement mettre dans la tourmente un autre de ses élèves, Oskar.

«La salle des profs» raconte la quête impossible de justice et de vérité dans un système à repenser. L’intelligence du scénario est d’user de son quasi-huit-clos pour suivre Carla, professeure dans la tourmente, qui tente de rattraper ses actions. Les scénaristes İlker Çatak et Johannes Duncker renforcent, en parallèle, le sentiment d’inéluctabilité et d’impossible retour en arrière, jusqu’au final, grotesque, mais efficace. Leonie Benesch aura beau crier en chœur, elle n’est rien de plus qu’un grain de sable dans ces rouages.

Certes, İlker Çatak n’est pas le premier à décrire notre société depuis une salle de classe. D’ailleurs, il ne révèle rien de neuf sur cette dernière, qu’il caricature même entre la surveillance omniprésente, la cancel-culture et les parents vindicatifs qui s’assemblent depuis les groupes WhatsApp. Aussi, le film abuse parfois de ses effets de style et souligne son message jusqu’au ridicule.

Mais en tant que thriller, «La salle des profs» déjoue les attentes et impressionne. En effet, le découpage de Gesa Jäger, appuyé par la musique de Marvin Miller, maintient jusqu’au bout la tension et permet de croire aux retournements, même les plus absurdes. Porté par Leonie Benesch, dans son rôle le plus exigeant, et une distribution de jeunes comédiens excellents, dont Leonard Stettnisch en Oskar, le film est un indispensable de ce début d’année.

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