Un bel écrin pour un film déséquilibré

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Huit mois séparent les sorties en salles des deux parties de l’adaptation de l’œuvre d’Alexandre Dumas, réalisée par Martin Bourboulon. La superproduction Pathé Les Trois Mousquetaires : D’Artagnan (2023) avait convaincu par sa mise en scène, moins par ses interprètes. Or, dans ce deuxième volet consacré à Milady de Winter, le récit est tortueux et les partitions trop inégales pour nous emporter.

Après avoir sauvé la reine dans l’affaire des ferrets, D’Artagnan (François Civil) doit maintenant retrouver son amante, Constance Bonacieux (Lyna Khoudri), enlevée. Alors que les soldats du roi marchent en direction de La Rochelle, D’Artagnan doit s’associer bon gré mal gré avec Milady (Eva Green), une femme dangereuse à la morale trouble. Les liens que cette dernière entretient avec les mousquetaires vont précipiter leurs destins.

C’était attendu, mais avec un tel budget et autant de figurants, les décors de ce second volet sont somptueux. On passe de Paris, à l’Angleterre, au siège de La Rochelle à l’occasion de magnifiques restitutions. Seulement, ce second volet n’insuffle plus la même fraîcheur que le premier, en dépit de sa photographie plus lumineuse et soignée. Côté combats, la caméra portée en plan-séquence montre ses limites et découpe mal les affrontements.

Au centre du film, Eva Green en Milady est venimeuse à souhait dans certaines scènes, mais cabotine le reste du temps dans son rôle de femme fatale. Et ce ne sont pas quelques flashbacks superficiels et un discours pseudo-féministe qui vont épaissir son développement. Louis XIII fait de la figuration, Constance Bonacieux est l’éternel agneau sacrifié, Porthos (Pio Marmaï) et Aramis (Romain Duris) sont écartés de la Grande Histoire et n’occupent plus qu’une sous-intrigue ridicule. Seul Athos (Vincent Cassel) s’en sort à peu près, non pas en tant que mousquetaire, mais comme père et mari.

Ce trop-plein de personnages en mal d’intrigue contrebalance mal l’arc de D’Artagnan ballotté sans cesse sur les routes et les mers. Le public finit par en perdre les enjeux politiques, qui devraient pourtant être au centre de l’histoire, entre la guerre contre les protestants et le complot contre le roi. Face à ce film qui ne parvient même pas à conclure, on se demande finalement si tous ces moyens n’auraient pas pu être déployés au service d’une meilleure adaptation.

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